Bézoard monté sur un socle en laiton doré.
Poids: 0.468 g.
Diam: 8 cm.
Vendu 1025 euros (frais compris) chez Artcurial en 2018.
Un mot qui résonne comme bizarre pour le bézoard. C’est l’une des stars des cabinets de curiosité les plus prestigieux. Un gramme de bézoard pouvait coûter jusqu’à dix fois plus cher qu’un gramme d’or. Pourquoi un tel prix ? Cette pierre était considérée comme magique. Pourtant sa provenance n’a rien d’enchanteur. C’est un calcul qui se forme dans l’estomac, les intestins ou les voies urinaires des quadrupèdes et en particulier chez les ruminants. Le véritable bézoard est issu d’une chèvre sauvage des contrées orientales. Ce sont les Arabes qui l’introduisent en Europe. Ses vertus soi-disant miraculeuses et magiques attirent rapidement la convoitise des cours royales.
Généralement, on peut observer des traces de grattage sur les bézoards. La poudre obtenue par cette action est prête à la consommation et permettait de guérir divers maux. C’est la raison pour laquelle, on la nomme également la pierre de fiel. Elle était réputée pour soigner la mélancolie et différentes humeurs. Comme la précieuse et très recherchée corne de licorne, elle avait aussi des propriétés d’antipoison. On pensait que le bézoard était également capable de protection contre la peste. Dès le 15ème siècle, en Europe, la mention de cette pierre est présente dans les écrits dédiés à la médecine. Elle restera très prisée jusqu’au milieu du 18ème siècle. À la fin de ce siècle, Antoine-François Fourcroy, chimiste et député à la convention nationale, fut le premier à l’analyser. Plus tard, à la demande de Napoléon, en 1808, le chimiste Claude-Louis Berthollet disséqua les bézoards que l’empereur avait reçus en cadeau. Quand la composition lui fut dévoilée, Napoléon s’en débarrassa sans plus s’en soucier.
Il existe plusieurs formes de bézoards – et même des contrefaçons anciennes – dues à leur fabrication toute naturelle et peu magique. La taille de la boule, engendrée par le corps qui se défend d’un résidu étranger, peut varier de la dimension d’un gland à celle d’un œuf. La pierre est composée de fibres, de végétaux, de poils, de sels minéraux, de silice. Un beau bézoard doit être doux sous la main, lisse et brillant, tout en ayant une odeur se rapprochant de l’ambre gris. Il en existe des blancs, des jaunes, des gris, des verts olive. On les portait comme des amulettes, en médaillon ou dans une bague. Les plus gros spécimens réservés aux plus fortunés étaient protégés par des sphères en métal précieux très ouvragé, ou posés sur un piédouche pour les mettre en valeur. Aujourd’hui, par son histoire incroyable et sa rareté, c’est une pièce de collection recherchée.