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Croix en argent - DP ArtExpert
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Croix en argent mérovingienne, Vème-VIème siècle après J.-C.
Conservée au Musée cantonal d’archéologie et d’histoire de Lausanne.

Ce pendentif a été retrouvé dans la cathédrale de Lausanne et date du VIe-VIIe siècle de notre ère. Hormis son âge et son état de conservation visible grâce au travail de restauration. Cette croix est très intéressante par rapport à la période historique dans laquelle elle s’inscrit. Elle témoigne de la mince frontière entre le paganisme et le christianisme existant même après la chute de l’Empire romain. Sur ses deux côtés, la formule magique « ABRAXA-ABRACADABRA » a été gravée. Aujourd’hui, les enfants l’utilisent toujours pour jouer au magicien. À l’époque, elle était prise au sérieux puisqu’elle servait à conjurer le mauvais sort. Son porteur, très prudent, a allié la forme sacrée de la croix à la croyance païenne pour mieux se protéger.

En 312, sous le règne de Constantin, les chrétiens ont le droit de pratiquer sans se cacher. Une dizaine d’années plus tard, il réunifie l’Empire romain d’Orient et d’Occident et fera construire les premières églises. Ces lieux de culte favoriseront la propagation du christianisme dans tout l’Empire romain. En 391, l’empereur Théodose annonce que le christianisme est désormais la religion officielle. À partir du Ve siècle, en 400, deux grandes écoles du christianisme s’opposent. Dans un territoire si vaste, les multiples cultures façonnent le christianisme différemment. Ainsi naissent l’église d’Orient et celle d’Occident. Cette dernière partage les mêmes croyances que les païens, mais pratique des rites différents.

L’Empire romain d’Occident sera dissous en 476 après un déclin ayant débuté deux siècles plus tôt. Cette magnifique croix mérovingienne parvenue jusqu’à nous raconte cette histoire au cœur d’une période trouble. Elle illustre le mélange de croyances existantes côte à côte dans un tournant important de l’histoire. L’antiquité appartient au passé pour ouvrir la période du haut Moyen-âge qui perdurera jusqu’à l’an mil. En outre, elle nous rappelle aussi, une période historique fondamentale sous le règne du roi Clovis (465-511). Vers 498, ce conquérant devint chrétien seulement par stratégie. En effet, la moitié de son peuple vouait le culte païen. Sa conversion lui permit d’être accueilli par les gallo-romains chrétiens comme un libérateur et non comme un envahisseur. Il devint alors l’unificateur et fondateur du vaste Royaume des Francs.